COP30 : Comment l’Europe a sauvé la face malgré un accord peu ambitieux
02 December 2025 /
Elise Depoortere 3 min

L’Union européenne est arrivée à la COP30 à Belém, au Brésil, avec l’objectif d’affirmer son leadership climatique sur la scène mondiale. Mais l’échec d’un accord sur la sortie des énergies fossiles a révélé les fragilités d’un bloc qui peine encore à parler d’une seule voix.
La trentième conférence internationale pour le climat s’est tenue du 10 au 22 novembre aux portes de l’Amazonie dans la ville brésilienne de Belém. Dix ans après l’accord de Paris, l’Union européenne était venue défendre la réduction des émissions et promouvoir la sortie des énergies fossiles. Mais le 22 novembre, près de 200 pays sont parvenus à un accord dont l’ambition reste bien faible face à l’urgence climatique. Le texte final, surnommé le Mutirão mondial, ne mentionne même pas explicitement la sortie des énergies fossiles, alors que charbon, pétrole et gaz représentent près de 90 % des émissions mondiales de CO₂.
L’Europe face à un monde multipolaire
Sans le soutien des États-Unis, les Européens ont dû négocier avec une coalition de grandes puissances émergentes peu enclines à accélérer la transition énergétique. Cette absence d’allié traditionnel a révélé une Europe fragile, parfois paralysée par ses divergences internes. Malgré ces tensions, l’UE a choisi de ne pas bloquer le texte final, jugeant que, dans l’ensemble, il représentait un pas dans la bonne direction. « Nous aurions préféré plus, mais le monde est ce qu’il est. Dans l’ensemble, c’est un pas dans la bonne direction » a déclaré à la presse le commissaire Européen au climat, Wopke Hoekstra.
Des divisions internes
Cette fragilité s’explique aussi par des désaccords internes. Dix États membres dont la Grèce, la Hongrie, l’Italie, la Pologne et la Slovaquie ont refusé de soutenir certaines initiatives plus ambitieuses, empêchant l’UE de signer collectivement un appel à sortir des énergies fossiles. Pourtant, avant la COP, l’UE avait trouvé un compromis interne : réduire de 90 % ses émissions nettes d’ici 2040, avec une neutralité carbone fixée en 2050. “Nous vivons une période géopolitique compliquée. Il y a donc une valeur essentielle, même si c’est difficile, à chercher à s’unir” a reconnu Wopke Hoekstra.
L’adaptation, le compromis qui sauve l’accord
Si l’Union n’a pas pu imposer sa feuille de route énergétique, elle a obtenu des avancées sur le financement climatique. Les fonds destinés à l’adaptation pour les pays vulnérables devraient tripler d’ici 2035. La présidence brésilienne a accepté de discuter d’une feuille de route sur la transition hors des énergies fossiles au cours de l’année à venir. Pour les Européens, ces résultats représentent une victoire diplomatique.
Une leçon stratégique pour l’Europe
La COP30 a souligné que l’influence climatique de l’Europe dépend d’abord de sa cohésion interne. La montée des pays émergents et l’absence des États-Unis ont montré que l’UE ne peut plus compter sur des alliances historiques pour peser dans les négociations. Pour l’Union, la leçon est claire : si elle veut continuer à jouer un rôle moteur, elle doit renforcer son unité, clarifier ses objectifs et s’adapter à un monde multipolaire en pleine mutation.